Carême 2018 à la paroisse

Dès que l’homme a mangé le fruit, au chapitre 3 de la Genèse, Dieu le cherche : « Où es-tu ? » Au chapitre suivant, dès que Caïn a tué son frère, Dieu cherche encore : « Où est ton frère Abel ? » L’histoire biblique est marquée par le péché de l’humanité et la quête de Dieu qui se tourne vers les victimes depuis Abel et vers les pécheurs, de Adam jusqu’à nous.
Il n’y a peut-être qu’une seule histoire dans les Ecritures, celle de la brebis perdue pour laquelle le berger plaque tout. Dieu cherche l’homme. Dieu est un amoureux de l’humanité, philanthrope, ami des hommes, disaient les pères de l’Eglise.
David le pécheur, adultère et meurtrier, est aussi la parabole de son Dieu. Il connaît sa miséricorde et est lui-même pris aux trippes quand son traitre de fils, Absalom, est tué. Il pleure et les mots du texte décrivent ses sanglots à se répéter. « Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! que ne suis-je mort à ta place ! Absalom mon fils ! mon fils ! »
Ces pleurs sont ceux de Dieu sur une humanité qui meurt à s’entretuer, pécheresse et victime du péché de ses frères. Ce sont encore ces pleurs alors que Jésus meurt et que même les pierres se taisent. Silence de mort.
Les quarante jours qui nous préparent à Pâques pourraient être l’occasion d’entendre le cri des victimes. Il est impossible d’entendre l’amour de Dieu sans entendre le cri des frères. Comme à Caïn qui refuse de se faire le responsable de son frère, Dieu met le pied dans la porte de notre conscience : « Ecoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! ». A Judas qui vient l’embrasser pour le livrer, Jésus répond : « Mon ami ! » Il ne le lâche pas, ne nous lâche pas, responsable de ses frères en leur répondant, ami des hommes.
La rencontre des frères, et d’abord ceux qui souffrent, est l’occasion d’entendre Dieu, son appel, son commandement, unique et nouveau, l’amour du prochain. Selon Lévinas, le visage du frère, ce qu’il a de plus exposé, de plus personnel et de plus fragile, comme un Sinaï dit : tu ne tueras pas.
Pour ce carême, le conseil paroissial propose :
– Le 4 mars, après la messe des familles, bol de riz. Nous partageons fraternellement le repas. Nous pouvons aussi faire un don qui représente le prix de ce repas.
– Le 4 mars, nous pourrons rencontrer plusieurs migrants arrivés sans papiers en Europe, pour que la « crise migratoire » ne soit pas une abstraction médiatique ou un enjeu politico-idéologique, mais devienne le visage et la voix d’un frère, d’une sœur. C’était le sens de l’homélie de la journée du migrant et du réfugié. Des groupes d’aumônerie rencontreront aussi ces migrants.
– Les soupes de carême, une fois par mois, sont comme le bol de riz, l’occasion d’un moment fraternel et d’un partage financier. Cette année, la somme collectée sera principalement reversée à la Fondation Pablo Hortsmann, une ONG qui lutte contre la mortalité materno-infantile en Ethiopie. C’est en rendant la vie vivable pour tous, dans tous les pays, qu’immigrer sera un choix et non la fuite de la pauvreté ou de la violence.
– Les 10 et 11 mars, la retraite paroissiale (merci de s’inscrire).
Ce ne sont que quelques moyens pour entendre le cri des frères et contempler le visage du Père qui pleure sur ses enfants, qui veut les sauver tous. « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Ti 2,4). C’est notre foi pascale.