Témoins de Jésus dans la société

Comment vivre en disciples dans un monde tellement différent de celui où vécut Jésus ? La vie en société, les relations entre nous, ont changé de forme et de sens, qu’on le tienne pour un progrès ou non. Nous sommes tellement marqués par notre pratique de la vie ensemble que nous avons souvent du mal à imaginer qu’il n’en est pas toujours ni partout allé ainsi.
Le magistère de l’Eglise, les théologiens d’abord et les pasteurs, ont développé une réflexion que l’on appelle doctrine sociale de l’Eglise, entendons, enseignement de morale sur tout ce qui concerne la vie en société. Quel est le comportement requis des disciples dans la situation actuelle s’ils veulent être fidèles à l’évangile ?
Cet enseignement concerne l’économie et le travail, l’argent, le capital, l’épargne, l’investissement, la responsabilité de chacun, salarié, indépendant ou entrepreneur, patron ou cadres dirigeants. Qu’est-ce qu’un code du travail éthique ? Comment la production de richesses est-elle au service de l’humanité tout entière (ou, antérieurement, pourquoi la production de richesses devrait-elle être au service de l’humanité tout entière) ?
Qu’est-ce que s’engager, comme bénévole ou non ? Quel est le sens de l’action politique et quelles en sont les conditions évangéliques ? Qu’est-ce que rendre la justice dans une société ? La réinsertion est-elle plus importante ou moins que la punition ou la protection des personnes ? La peine de mort est-elle moralement acceptable ? Comment règle-t-on les conflits, notamment entre pays ? Y a-t-il une éthique de la guerre ? Comment les grandes migrations qui ont ponctué l’histoire exigent des disciples de Jésus qu’ils témoignent de l’évangile ? Qu’est-ce que le droit des victimes, leur mémoire, l’histoire écrite de leur point de vue ont comme conséquences sur la manière d’écouter la parole et de la mettre en pratique ? Qu’est-ce que cultiver la terre pour en tirer sa subsistance ? On perçoit mieux que jamais comment la protection de la planète, l’écologie, relève aussi, et d’abord, de l’éthique. La mondialisation et le brassage des populations pose la question de la coexistence des races et de la diversité des cultures. Plus largement que les questions d’éthique familiale et de bioéthique, les relations hommes femmes et l’éducation relèvent aussi de la morale sociale. On devra multiplier les questions, autant qu’il y a de domaines où s’exerce l’action humaine.
Sans doute n’y a-t-il pas de spécificité chrétienne en éthique, n’y a-t-il pas de morale chrétienne, parce que l’agir moral s’impose à tout homme, par exemple comme recherche de la vie bonne avec et pour les autres dans des institutions justes, de sorte que le principe qui préside à une action puisse valoir comme norme qui s’imposerait à tous. Et pourtant, l’évangile et la suite de Jésus exigent des disciples un comportement qui témoigne de l’amour du Père pour tous. La vie spirituelle n’est sérieuse, consistante, au contraire de l’illusion, quand, dans chaque situation qu’ils rencontrent, les disciples se laissent conduire par l’Esprit.
L’amour des frères sous la forme du service à la suite de Jésus est un enjeu évangélique non seulement de cohérence personnelle, mais de mission : c’est à l’amour que nous avons les uns pour les autres que nous sommes reconnus comme disciples de Jésus.
C’est pour nous aider dans notre mission de témoins que nous avons invité Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, jusqu’à peu président du Conseil famille et société de la Conférence des évêques de France, à prêcher notre retraite paroissiale les 10 et 11 mars prochain. Notez la date dès maintenant, si vous ne l’avez pas déjà fait.
Cette « retraite », convivencia dirait-on ici, est un moment privilégié de rencontre entre nous, que l’on vienne seul ou en famille. C’est évidemment un temps pour nourrir notre foi dans la prière et la réflexion, accompagnés par Mgr Brunin.