L’apocalypse et Noël

2ème dimanche de l’Avent
10 12 17

Trump annonce le transfert de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Son bras de fer avec la Corée du Nord a aussi de quoi effrayer. Poutine annonce se présenter à un nouveau mandat en 2018 et s’opposer coûte cher, très cher. On découvre que des Africains sont vendus comme esclave en Lybie. La guerre au Yémen se poursuit, l’ex-président a été assassiné. L’Union européenne publie une liste noire des paradis fiscaux mais n’en indique aucun relevant de ses propres membres. Après une liaison avec une élève de 14 ans, un prof est condamné à … 18 mois avec sursis !
On pourrait continuer la liste des catastrophes, injustices, violences inhumaines et violations des droits de l’homme, des pages entières, juste à faire un instantané, sans remonter à plus de quinze jours ! Il y en a tant que l’on ne peut les connaître toutes, qu’il faut faire un vrai travail de recherche pour se tenir au courant.
Mais à quoi bon débusquer ainsi l’immonde ? A quoi bon le dire dans une homélie de laquelle on attend plutôt encouragement et espérance, vision d’un monde habitable et réconciliation ?
Ne pas dénoncer, ne pas voir, ne pas vouloir voir, c’est être complice. Qui, à l’heure d’internet, à l’heure de l’information mondialisée, pourra dire : « je ne savais pas » ? Personne ; nous n’aurons pas voulu savoir. De même que lors des commémorations d’attentats ou de la Shoah, on égraine la trop longue liste des victimes, chacune par son nom, de même faut-il dénoncer les crimes un à un pour rendre les victimes au jour. On ne les sauvera pas de la mort, ou rarement. On ne fera pas faire marche-arrière aux fous qui gouvernent, que des nations démocratiques parfois ont porté au pouvoir. Mais à ne pas nous taire, peut-être consolerons-nous les victimes, les convaincrons-nous que leur humanité n’est pas niée par tous, et éviterons-nous que leur haine devienne un feu vengeur. Je pense particulièrement à la jeunesse palestinienne.
A dénoncer, rien qu’à énoncer, déjà, on lute contre le mal, on se range aux côtés des victimes. Rien qu’à énoncer les victimes, on construit la pax. Voilà qui pourrait justifier que l’on fasse une liste plus sérieuse, précisément lors d’une homélie.
Et nous lisons à ce moment précis de notre actualité quelques versets de l’épitre de Pierre. Il faudrait lire ceux qui viennent juste après et qui concluent la lettre : « Vous donc, très chers, étant avertis, soyez sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des criminels, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté. » Ce que nous avons entendu permet de remettre l’actualité à sa place. « Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. »
J’en entends qui me reprocheront de ne pas parler de Noël. Mais que je sache, le temps de l’avent, ainsi que le dit la préface, n’est pas tourné vers Noël, au moins dans sa première partie, jusqu’au 18 décembre. La préface de l’avent le dit : Il est déjà venu et il reviendra de nouveau revêtu de sa gloire. Le regard se tourne vers l’aube du salut et son terme, pas sur la fête dans quinze jours ! A moins que construire la paix en révélant les victimes ne soit honorer le prince de la paix de la première lecture de la nuit de Noël.
La lettre de Pierre ne parle pas non plus de Noël, ni aucune des lectures de ce jour. Mais si l’on veut parler de Noël, alors, allons-y. Que serait Noël si ce n’était espérer pour tous la libération de l’oppression et de la violence, de l’injustice, des guerres et de la mort, de l’humiliation et du déni des droits humains. « Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. »
Préparer Noël en ne regardant que le brillant de la fête, n’est-ce pas exactement faire tout ce qu’il faut pour ne pas préparer Noël, et organiser le grand mensonge qui détourne tant de monde de Jésus, de la foi ? Des enfantillages, et rien qui change le monde.
En ce temps d’apocalypse pour tant de nos frères, pour certains d’entre nous, il faudrait se rappeler, pour préparer Noël, les derniers mots de l’Apocalypse, du nouveau testament même. Nous les connaissons : « Viens Seigneur Jésus ».
« Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. » Viens Seigneur Jésus, viens !

  • Nous prions pour que les chrétiens partout dans le monde se fassent artisans de paix et se montrent solidaires des victimes de toute forme de violences et d’injustices.
  • Nous prions pour les Palestiniens qui se voient toujours plus dépossédés d’un pays grignoté jour après jour par les colonies, humiliés par la déclaration des Etats-Unis sur Jérusalem.
  • Nous prions pour le peuple Juif chargé par Dieu d’être bénédiction pour tous les peuples, y compris ses voisins de Proche et du Moyen Orient.
  • Nous prions pour notre assemblée dominicale, afin qu’elle offre à chacun d’être toujours plus disciple de Jésus.