Quelle Eglise pour nos sociétés aujourd’hui et demain ?

En partenariat avec l’Institut Français, l’Œuvre Saint Louis organise le mercredi 13 décembre à 20h une discussion sur la place du christianisme en France en Espagne. J.-L. Schlegel, directeur de la revue Esprit et sociologue des religions et J. G. Bedoya, journaliste à El País, répondront à la question Quelle Eglise pour nos sociétés aujourd’hui et demain ?
Le recul de la foi chrétienne en France et en Espagne est incontestable. Les causes sont multiples, parmi lesquelles le rejet de l’Eglise et ses abus de pouvoir tant dans la sphère politique que sur les consciences, le niveau de vie et les assurances sociales qui rendent moins nécessaire de s’en remettre à la Providence, la concurrence entre sciences et foi longtemps entretenue par l’Eglise elle-même, la moindre pression sociale sur les individus.
En France, moins de 30% des enfants sont baptisés depuis les années 2010. En Espagne on est passé de 65% en 2008 à 59% en 2012. Environ 28% des français se marient à l’Eglise ; le même chiffre qu’en Espagne.
L’histoire de l’Eglise en Espagne et en France n’est pas la même, et cela explique bien des différences. Le changement est vertigineux en Espagne qui, en cinquante ans, passe d’un pays à une écrasante majorité catholique à un pays quasi aussi sécularisé que la France. Les motivations pour la foi des deux côtés des Pyrénées, si elles sont théologiquement identiques, demeurent sociologiquement bien différentes, comme les raisons de ne pas croire.
Les media pourraient laisser penser que les religions sont davantage présentes dans la société. On assiste cependant moins à un retour du religieux qu’à la nécessité, longtemps niée, de prendre en compte les religions comme phénomènes sociaux et à une réaction des religions qui, par la violence ou par une stratégie médiatique très moderne, se montrent pour exister. Alors que la mondialisation se traduit par la relativisation des coutumes, modes de vie, croyances et idéologies, les religions sont souvent porteuses d’un attachement à une culture et permettent d’affirmer son identité, voire s’allient aux revendications identitaires.
La déchristianisation en même temps que la prise en compte du rôle des religions dans chaque pays et à un niveau géopolitique obligent les Eglises non seulement à s’interroger, à faire leur examen de conscience, mais à chercher de nouveaux chemins missionnaires et à redéfinir leur propre foi et action. Quand on est en minorité, à moins de verser dans la secte, on ne peut définir comme mauvais tous ceux qui ne partagent pas votre avis, ou dire qu’ils ont tous tort.
Toutes les sociétés, à des rythmes différents, sortent de l’âge religieux parce que Dieu n’est plus nécessaire. Il ne vient plus couronner le savoir comme explication suprême où les sciences jouent un rôle central. (Les dénégations par les fondamentalistes de l’évolution des espèces et de la formation de l’univers pourraient n’être qu’une réaction de défense.) Dieu ne décide plus du politique et des religieux eux-mêmes demandent la séparation des religions et des Etats pour garantir la liberté de culte. Dieu est cantonné à l’espace privé, et encore, nombre de catholiques, par exemple, prennent leur distance par rapport à l’enseignement de l’Eglise, que ce soit en morale sexuelle (concubinage avant mariage, contraception, remariage après divorce, homosexualité, etc.), ou en morale politique et sociale (l’appel du Pape en faveur de l’accueil de l’étranger ou pour une certaine décroissance est loin de faire l’unanimité). Le recul des religions est un phénomène mondialement inéluctable. Si vous ajoutez à cela que l’évangile invite à se faire serviteur comme Jésus, il n’y a ni de quoi recruter en masse, ni de quoi s’étonner de la désaffection de la foi.
Comment se situe l’Eglise en France et en Espagne ? Comment réagit-elle ? Quelles sont ses ressources, ses atouts ? Et si la sécularisation était sa chance… Rendez-vous mercredi 13 à 20h à l’Institut Français, C/ Marques de la Ensenada 10 (metro Colon).

Il est conseillé de réserver. Présentation du débat par l’Institut français