La rentrée : Penser autrement

Les vacances sont déjà loin, la rentrée aussi. Notre communauté paroissiale a repris la route ordinaire de la fidélité à son Seigneur à travers divers rendez-vous. Ils ne sont évidemment pas le tout de notre vie chrétienne, mais la colorent et la rythment. Le caté a redémarré et l’aumônerie est sur le point de le faire, notre rassemblement dominical nous permet de ressaisir nos vies comme reçues pour être partagées. Déjà une deuxième préparation baptême des tout-petits est fixée les 16 et 23 octobre (merci de vous inscrire si vous êtes intéressés).
Ainsi que cela a déjà été annoncé, auront lieu les mardis de Saint Louis, « une foi par mois » voudrait-on écrire. L’occasion d’un approfondissement de ce que nous croyons et d’un partage. C’est le troisième mardi du mois à 21h à la paroisse, donc le mardi 17 octobre.
Pour le premier rendez-vous, chacun pourra dire ce qu’il aimerait voir envisager comme thème. Les chapitres 2 et 3 de la Genèse, le récit du jardin d’Eden seront notre plat de résistance. Chacun peut préparer en lisant ces pages des Ecritures, ne serait-ce qu’en repérant ce qu’il en avait oublié ou ce qu’il s’étonne de ne pas trouver.

Les vacances sont finies et le monde ne cesse de passer par des convulsions inquiétantes. Les catastrophes dites naturelles se sont multipliées ces dernières semaines, particulièrement en Amérique centrale et aux Caraïbes. La paix semble si fragile, que l’on pense seulement aux Etats-Unis et à la Corée du Nord. Nos sociétés peinent à offrir un cadre de vie où tous se sentent en sécurité et respectés. Tant d’hommes et de femmes, d’enfants, vivent dans la pauvreté, et pas seulement à l’autre bout de la planète… Sur quoi débouchera la crise catalane ? Le gouvernement français parviendra-t-il à développer une action politique ou sera-t-il, comme les précédents, à la remorque de l’argent roi et de l’économie libérale qui imposent leur loi ?
Sans doute, ces convulsions ne sont pas pires que celles que les civilisations ont toujours traversées. Nous sommes peut-être davantage démunis parce que nous manquons de repères, comme l’on dit. Non pas que notre monde irait davantage qu’hier à vau-l’eau. Mais tant de choses sont nouvelles qu’il faut apprendre à vivre et à penser autrement, en dehors d’un cadre fixe, solide, connu, à partir duquel les événements pourraient être évalués. La mondialisation est non seulement économique, mais aussi sociale et culturelle. Les migrations actuelles font se côtoyer toutes sortes de conceptions du monde. C’est aussi passionnant que cela peut paraître effrayant.
Si nous avons un travail pour cette année, un devoir, une responsabilité, n’est-ce pas d’apprendre à penser hors des repères, hors des grands récits dont nous savons qu’ils ne sont que mythification, mensonge historique écrit par et pour les vainqueurs ? Nous ne reviendrons pas au monde d’hier, qui n’a d’ailleurs jamais existé ainsi que nous le rêvons à le reconstituer. Ne devons-nous pas pour le service de la paix et de l’humanité, au nom de notre foi, nous obliger à penser autrement ? Peut-être pas mieux, mais de façon à comprendre ce qui nous arrive, à prendre les décisions pour « une vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes ».
En plus de nos activités ordinaires, en plus de notre vie de foi et ce que nous faisons pour lui donner de se développer et de s’exprimer, ne serait-ce qu’« une foi par mois », nous ne pouvons pas nous dérober à l’intelligence du présent. Ou plutôt, nos activités ordinaires et notre foi nous obligent à nous dépayser, à penser autrement. Cela au moins n’est pas nouveau : « Ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. » (Rm 12,2)